Notre série sur la formation professionnelle (partie 5)

Le jeune Rishiyanth Sabaratnam âgé de 18 ans, aime beaucoup dessiner sur ordinateur, notamment des plans. Durant son apprentissage en tant que projeteur en technique du bâtiment CFC, il apprend à planifier des ventilations qui sont efficaces d’un point de vue énergétique. Le travail en équipe y est primordial. Chez eicher+pauli à Berne, la formation est optimale pour réussir à communiquer entre professionnels.

Texte: Bettina Hägeli

Deux ordinateurs trônent sur le bureau de Rishiyanth Sabaratnam. Sur celui de gauche, on voit un plan avec différentes lignes de couleur et celui de droite montre en 3D et également en couleur, un local avec des conduites. Les non-initiés pourraient tout au plus supposer ce qui est représenté ici, mais Rishiyanth Sabaratnam intervient : « Je planifie des systèmes de ventilation », explique-t-il avec courtoisie. Il a débuté son apprentissage de projeteur en technique du bâtiment CFC en été 2021 et se trouve par conséquent en deuxième année d’apprentissage sur les quatre prévues. « J’ai été encouragé par mon professeur de dessin à l’école, car j’ai toujours aimé dessiner des choses techniques », déclare le jeune homme modestement. Le fait qu’il soit également doué pour cela transparaîtra à plusieurs reprises au cours de l’entretien avec lui et sa maîtresse d’apprentissage Monika Müller. « J’ai commencé à dessiner à l’adolescence, en plus de jouer sur l’ordinateur. J’ai donc appris à dessiner en 3D par moi-même », explique l’élève.

POSER LES BONNES QUESTIONS

Après que son professeur principal lui a proposé le métier de projeteur en technique du bâtiment alors qu’il était en neuvième année scolaire, Rishiyanth s’est porté candidat pour un stage d’initiation de trois jours auprès du bureau de planification et de conseil eicher+pauli à Berne. Et il a été reçu. Pendant ces trois jours, l’occasion lui a été donnée de voir les deux domaines, la ventilation et le chauffage.  « En fait, il n’y a pas de réelle raison qui explique pourquoi j’ai finalement choisi la ventilation. La planification de la ventilation m’a tout simplement plus convenu. » Mais avec le recul, il est content d’avoir fait ce choix. Car dans la construction, la ventilation est souvent plus visible que le chauffage. Monika Müller, sa formatrice actuelle, a flairé son talent pendant ces trois jours : « Quand les jeunes viennent faire leur stage d’observation ici, ils sont souvent très timides. Même au début de l’apprentissage, je dois encore déceler si les apprenants ont effectivement déjà compris mes instructions ou s’ils ont encore des lacunes dans leurs connaissances, mais n’osent pas poser de questions. »

PASSIONNER LES JEUNES

Dans le bureau de planification et de conseil eicher+pauli à Berne, il y a quatre élèves en tout qui sont dans des années d’apprentissage différentes, deux en planification de la ventilation et deux en planification du chauffage. Dans l’ensemble des huit sites de eicher+pauli collaborent au total 190 professionnels différents. C’est la raison pour laquelle un travail d’équipe main dans la main est primordial. Rishiyanth doit discuter préalablement de sa mission avec les architectes, les installateurs sanitaires et les directeurs de travaux et coordonner ses plans. Monika Müller explique que le travail des élèves est considéré dès le début comme une partie intégrante du processus : « Ce que planifie Rishiyanth est intégré dans des projets depuis le début de son apprentissage. Ses plans ne sont pas simplement un essai. »

L’entreprise cultive une hiérarchie plate. Cela se voit également au fait que tout le monde se tutoie. « Au début, il a fallu que je m’habitue à dire « tu » à ma maîtresse d’apprentissage », avoue le jeune bernois. « À l’école, je vouvoyais les profs et je ne me sentais souvent pas considéré aussi sérieusement qu’ici. » Pour attirer l’attention sur la possibilité de faire un stage d’observation, l’entreprise exploite des plateformes comme Yousty et y donne un aperçu du quotidien des apprentis. « Avec la pénurie de main d’œuvre, il est important de passionner les jeunes à notre métier de planification en technique du bâtiment » souligne Monika Müller.

UNE BONNE FORMATION INITIALE

Rishiyanth se penche sur un pupitre et vérifie une impression de son plan. Avec un marqueur, il surligne le tracé des conduites. « Sur l’ordinateur, je dois procéder étape par étape pour le calcul et la planification d’un système de ventilation et respecter des prescriptions et des normes. J’établis un plan que je dois remettre au fabricant de ventilations et au directeur des travaux, dès que la mise en œuvre débute sur le chantier. » Ce qu’il y a de beau dans ce métier, c’est que ton propre plan est mis en œuvre par d’autres professionnels. La ventilation est montée par la suite « pour pouvoir être touchée concrètement » dans le sous-sol déclare Rishyanth. La maîtresse d’apprentissage rajoute que chaque système de ventilation est une pièce unique, car il est adapté aussi bien à chaque situation de construction qu’aux besoins des clients. « Je sélectionne les élèves en fonction de leur capacité de représentation spatiale et d’abstraction. », déclare Monika Müller. « Ensuite, nous regardons les bulletins scolaires, surtout les notes en mathématiques et en physique qui sont déterminantes, et nous parlons avec les enseignants. Et ce qui est très important, c’est le plaisir à travailler sur ordinateur. Si en plus, la personne montre de la curiosité et aime s’investir dans l’équipe, il y a de fortes chances que nous la prenions pour un apprentissage. »

Projeteur en technique du bâtiment est une bonne formation initiale pour les secteurs de la technique et de l’énergie. On peut suivre la maturité professionnelle parallèlement à l’apprentissage ou après, concentré sur une année. Il n’y a ensuite aucune limite à l’évolution professionnelle. Il existe dans diverses universités et hautes écoles spécialisées de Suisse des filières d’études en ingénierie de la technique du bâtiment ou encore en sciences de l’environnement. « Lorsque nos apprentis obtiennent leur diplôme, ils ont une grande valeur sur le marché du travail et trouvent très rapidement un emploi. », affirme Monika Müller et de rajouter : « Mais s’ils sont bons, nous aimons les garder » – en regardant malicieusement en direction de Rishiyanth.

AU COEUR DU DÉBAT CLIMATIQUE

Monika Müller aime les interactions techniques et leur planification. De plus, la lisibilité d’un projet est importante pour elle. Elle veut voir ce qu’elle a créé. Parfois, lors d’un événement, son mari doit lui rappeler de ne pas regarder le plafond pour analyser la ventilation. Lorsqu’elle a débuté dans le métier de planificatrice en bâtiment, les femmes étaient rares dans cette profession. Rishiyanth peut attester d’autre chose : « Chez moi, dans la classe de l’école professionnelle, il y a 4 femmes sur 20 élèves. » Le métier offre aux jeunes hommes et aux jeunes femmes l’opportunité de s’impliquer concrètement dans les questions climatiques. Car on peut directement influencer l’efficacité énergétique avec sa propre planification. Eicher+Pauli mise fortement sur une utilisation durable de l’énergie disponible. À ce jour, le bureau de planification et de conseil, fondé en 1986 par le Professeur Hanspeter Eicher et Hans Pauli, a mis en œuvre plus de 10 000 projets ce qui a permis d’économiser plus d’un million de tonnes de CO2. Ceci rend la profession de projeteur en technique du bâtiment très actuel et promet aux jeunes qu’ils pourront s’engager professionnellement dans la lutte contre le changement climatique. Rishiyanth est content s’il peut réduire la consommation énergétique grâce à un plan élaboré par ses soins : « Cela procure une sensation positive. »

ÊTRE EN CONFIANCE CRÉE  UN CLIMAT D’APPRENTISSAGE OPTIMAL

La société eicher+pauli à Berne peut présenter des projets au cœur de la ville de Berne et dans toute la région, dans des bâtiments administratifs et publics. C’est sur le chantier que l’on voit si le plan de Rishiyanth fonctionne vraiment. À l’issue de l’installation, après la mise en service, il mesure la température dans l’un des orifices de mesure qui sont en temps normal obturés par un joint. Les valeurs de mesure le renseigne sur le fait que la ventilation qu’il a planifiée fonctionne de manière optimale. « Je commets encore très souvent des erreurs », admet Rishiyanth, « mais par chance toujours seulement au bureau. » Sa maîtresse d’apprentissage est à sa disposition pour le rendre attentif à une erreur, afin qu’il l’élimine avant la réalisation. La confiance règne au sein de l’équipe. On peut rire ensemble des inattentions après coup, car on partage le même avis : On apprend de nos erreurs, et généralement beaucoup !